Des héroïnes de l’histoire d’Haïti, par Ghislaine Charlier
>Les femmes ont joué un rôle important dans notre histoire depuis l’esclavage jusqu’à aujourd’hui.r>
Elles ont été actives au cours des luttes qui ont précédé la guerre d’Indépendance, au cours de celle-ci et depuis. Les marrons allaient au combat comme faisaient les Germains : avec femme et enfants.r>r>Cécile Fatiman
Étienne D. Charlier a été le premier à parler de Cécile Fatiman d’après les renseignements fournis par l’un des descendants de celle-ci. C’était le général Benoît Pierrot Rameau, un patriote qui a combattu les Américains aux côtés de Rosalvo Bobo, autre patriote de 1915. Leur lutte quasiment oubliée aujourd’hui leur a coûté cher. Bobo est mort en exil en France en chantant, l’Artibonitienne, hymne que ses partisans avaient composé pour lui. Le général Rameau a passé en tout près de 14 ans en prison. Ses biens ont été saisis, sans doute parce qu’il avait refusé l’argent de la trahison offert par le colonel Waller (voir Étienne Charlier – Aperçu sur la formation historique de la nation haïtienne, P-a-P 1954).
>r>Pour en revenir à Cécile Fatiman, Charlier dit bien, à la suite de son informateur, qu’elle avait assisté à la cérémonie du Bois Caïman en qualité de mambo, ce qui ne contredit pas la tradition selon laquelle une vieille femme noire y avait présidé. Sans doute une mambo plus expérimentée, donc plus prestigieuse. Dans toutes les grandes cérémonies, vaudoues ou catholiques, l’officiant est entouré d’un groupe d’assistantss choisis.r>
Que Cécile Fatiman ait été la fille d’un prince corse et d’une Africaine n’entre pas en ligne de compte. Personne alors n’a contesté sa participation et plus tard, elle allait devenir la femme du président Pierrot et la mère de la femme du président Nord Alexis, la fameuse Sésé !
>Louise Rateau
Louise Rateau, cousine de Beauvais, avait prêté sa petite maison des environs de Port-au-Prince au chef des Affranchis avant leur révolte.
Victoria Montou, dite Toya, tante de Dessalines, fut chef d’une petite bande au cours de la révolte des esclaves du Nord. Elle fut arrêtée et interrogée alors qu’elle conduisait celle-ci à Dessalines. Elle est morte des années plus tard au Palais impérial de Marchand.
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Marie-Jeanne, compagne de Lamartinière, auprès duquel on l’a vu faire le coup de feu à la Crête-à-Pierrot.
Madame Pageot, gouvernante du curé de la Petite rivière de l’Artibonite, a sauvé la vie de Dessalines auquel l’abbé Videau et le chef de brigade Andrieux avaient posé un piège.
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Madame Moïse, épouse du général qui passait pour le neveu de Toussaint Louverture, fit montre de résolution et d’énergie en plusieurs occasions.
>r>Madame Maurepas, épouse du général de ce nom, mourut héroïquement avec lui et leurs enfants.
Madame Chevallier, qui exhortait son mari à mourir courageusement.
r>L’Inconnue qui disait à ses filles : « Réjouissez-vous : vous ne serez pas mères d'esclaves ! ».r>
Sannite Bélair, épouse du général, l’un des favoris de Toussaint Louverture.
Henriette Saint-Marc, qui fut pendue à Port-au-Prince, pour sa conduite patriotique.
Gétinette Gétin, qui apporta le courrier et des provisions aux troupes indigènes aux abords de Port-au-Prince et qui eut la chance de survivre à la guerre.
Catherine Flon, aurait recousu le drapeau français dont Dessalines avait arraché le blanc.
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Défilé la folle, qui, accompagnée du fou Dauphin, rassembla les restes de Dessalines au Pont-Rouge et les mit dans un sac.
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Et puis, la plus grande : Marie-Claire Félicité, dite Claire Heureuse. Fille de Guillaume Bonheur et Marie Saint-Lobbelot. Née à l’Archahaie. Élevée par sa tante Élizabeth Lobbelot dite Élise, gouvernante au presbytère de Léogâne. Mariée très jeune à un certain Pierre (ou Jean) Luni. Devint veuve. Épousa le général Jean-Jacques Dessalines après la guerre civile du Sud. Devint impératrice d’Haïti. Après son deuxième veuvage, elle a vécu centenaire, jusqu’en 1858. Célèbre pour sa beauté, sa bravoure et sa bienfaisance, elle s’est b’abord illustrée par sa conduite exemplaire à Jacmel assiégée. Accompagnée de groupes de femmes et de jeunes filles qu’elle avait elle-même recrutées, elle y soignat les blessés jusqu’à la redition de cette ville. Lors du massacre des Français, elle se fit un devoir de cacher et de protéger tous ceux qu’elle savait menacés. Au cours de l’empire, elle observa une conduite analogue envers les Haïtiens. Ainsi qu’après son deuxième veuvage.
>r>Première infirmière de guerre, bien avant Florence Nightingale, l’Anglaise bien connue en Occident.
Quelques épisodes au cours desquels les femmes ont agi en groupe :
- Après un combat près des Cayes contre le général français Sarazin, le général Geffrard « fit recueillir sur le champ de bataille, tous les blessés français» dit Madioux et ceux-ci furent transportés à une ambulance où des femmes indigènes leur prodiguèrent toutes sortes de soins. Le lieutenant colonel de la 14e Légère, demeuré grièvement blessé à Welche-Taverny, fut ému des attentions qu’on lui portait. Il s’écria : « Où sont ces cannibales que nous devions rencontrer en cette île ? Combien n’avons-nous pas été trompés par les colons ! »
- Au cours d’une bataille à Petit-Goave entre la garde d’honneur de Rochambeau contre les troupes de Lamarre « les chiens que les Français avaient lancés sur les indigènes, accueillis par des fusillades, se retournèrent contre leurs maîtres. Les Blancs poursuivis à outrance furent égorgés la plupart. Ceux qui s'égarèrent dans les bois, furent arrêtés par des femmes et conduits, garrotés, à Lamarre, qui les fit fusiller ».
- « C’était le 30 mars. De hauts bonnets à poil, surmontés d'aigrettes rouges, chargeaient la tête de ses beaux grenadiers aux longues moustaches et aux armes éclatantes. Ils étaient accompagnés de 50 dogues à la voracité desquels les prisonniers devaient être livrés.»
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>- « L'armée indépendante occupait toute l'étendue qui s'étendait entre Saint-Louis (du Sud) et Port-Salut. Chaque nuit, des jeunes gens des Cayes venaient grossir là le parti des Indépendants. Tous les postes que les Français avaient établis autour des Cayes étaient tombés au pouvoir du général Geffrard qui avait des intelligences dans la place. La plupart des cultivatrices qui entraient dans la ville chargées de vivres, en sortaient avec de la poudre sous leur robe.»
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« La division Rochambeau attaque les miliciens de Dodard; la plupart des prisoniers indigènes furent sacrifiés par les soldats européens qui, fatigués de carnages, se livra au pillage. Les femmes furent dépouillées avec une rage frénétique ; ces infortunées eurent les oreilles arrachées avec les boucles qu"elles portaient ; elles furent mises entièrement nues, violées et flagellées. Pour une bague, un collier, un bijou quelconque, l'indigène, n'importe son âge ou son sexe, recevait la mort.»
>« Dans l'après-midi du 13 vendémiaire (5 octobre), Charles Bélair, ainsi que son épouse, furent conduits entre deux pelotons de soldats blancs, derrière le cimetière du Cap. Quand on les plaça devant le détachement qui devait les fusiller, il entendit avec calme, la voix de son épouse qui l'exhortait à mourir en brave. Au moment qu"il portait la main sur son coeur, il tomba, atteint de plusieurs balles à la tête. Sanite refusa de se laisser bander les yeux. Le bourreau, malgré tous ses efforts, ne put la courber contre le billot. L'officier qui commandait le détachement fut obligé de la faire fusiller.»
Pendant l’épidémie de fièvre jaune au Cap-français - « On vit alors les femmes indigènes de cette ville (le Cap français) oubliant généralement tout le mal qu"on faisait déjà à leurs frères, se dévouer avec une énergie surhumaine pour soigner les malades dans ces hôpitaux et dans la ville, leur prodiguer tout leur temps pour aider les médecins, les chirurgiens dans leur oeuvre. Leclerc ne put se soustraire au devoir de leur adresser des félicitations et des remerciements en même temps qu"il témoignait de sa satisfaction aux officiers de santé.r>Néanmoins, les arrestations, les pendaisons, les noyades, les fusillades continuèrent leur train : il fallait atteindre le but ! »
r>Capois et les femmes - « Il envoya toutes les femmes de la commune accompagnées de 100 grenadiers jusqu'à la baie des Moustiques où il y avait deux pièces de huit braquées sur le rivage. Ces femmes, qui partagaient les dangers de leurs frères, trainèrent ces deux pièces à force de bras, jusqu"aux environs du Port-de-Paix. Elles avaient parcouru un espace de huit lieues.»
À la suite de quoi, Capois-la-mort prit la ville le 12 avril 1803 et ensuite s’empara de l’île de la Tortue.
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