Le Nouvelliste, Port-au-Prince, 15 avril 2008
Sara Rénélik chante ses racines!
A l'occasion de la reprise des manifestations culturelles marquant la 3e édition du festival CulturElles, environ 300 spectateurs se sont massés, le lundi 14 avril 2008, dans les jardins de l'Institut français d'Haïti (IFH), pour délecter des créations de femme. La musique, la danse, la peinture, l'installation, la paillette et la caustique* étaient au rendez-vous.
La voix envoûtante de Sara Rénélik et les éblouissantes créations de Evelyne Etienne-Alcide, Mireille Délice, Evelyne Benoit, Lydia Palais, Pascale Monnin et Sergine André ont épaté les curieux venus explorer les talents de ces artistes. Si l'on a mis du temps pour se rendre à ce spectacle, il a fallu davantage pour vider les lieux. A la fin du spectacle, Paul-Elie Lévy, directeur de l'IFH, a dû réclamer trois chants de plus.
Le rêve, l'amour et l'espoir que prêche Sara à travers ses chansons, l'expression de son corps et ses dires - quand elle s'arrête pour parler au public - ont été captivants. Les rythmes pop, folk-rock et soul et l'urbain naïf (un nouveau style musical inauguré par l'artiste) utilisés ont entraîné les assistants dans l'ambiance. Ils applaudissaient à tout bout de champ. Après chaque interprétation, certains fans faisaient résonner le nom de « Sara » pour exprimer leur contentement.
L'amour viscéral de la chorégraphe pour ses racines haïtiennes transparaît dans ses oeuvres. Sur la scène, fière et plutôt sûre d'elle-même, elle n'a pas manqué d'inviter et/ou d'encourager les gens, les jeunes en particulier, à s'identifier à leurs origines. Pour ce faire, elle propose, entre autres, les artistes, les écrivains et les musiciens comme guides pouvant les conduire dans cette quête identitaire.
« C'est très important de reconnaître d'où l'on vient, sinon l'on ne saura pas où l'on va », clame haut et fort la petite fille de la feue chanteuse haïtienne Marie-Clotilde Bissainthe. Selon elle, les productions artistiques et culturelles doivent refléter nos souches historiques qui sont des éléments fondamentaux dans la connaissance et la compréhension de notre réalité.
Elle s'inspire des productions de Manno Charlemagne, Beethova Obas et Emmeline Michel. De sa grand-mère (Toto Bissainthe), elle hérite la théâtralité de ses interprétations et de ses compositions et de Tabou Combo son énergie. Des textes créoles enrichissent son répertoire. L'extrait suivant a été l'une des chansons à succès du spectacle :
« M pral fè yon rasanbleman
Pou m konnen sa k rive fanmi m yo
Anye wo.
Ayiti se manman libète
Si l tonbe la leve .»
« CulturElles », dans une perspective historique, moderne et internationale, est non seulement une possibilité d'émancipation de la femme, mais aussi une opportunité offerte à la gent féminine de faire valoir son talent dans le domaine de l'art et de la culture. C'est aussi une alternative de promotion des valeurs féminines du terroir, et enfin la projection d'une image plus positive d'Haïti sur la scène mondiale.
*Caustique : en optique et en mathématique, une caustique désigne l'enveloppe des rayons lumineux subissant une réflexion ou une réfraction sur une surface ou une courbe.
Rébecca S. Cadeau
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=56499&PubDate=2008-04-23
N.B.: L'Erreur glissée au sein de l'article à l'effet que Sara Rénélik est la petite fille de Toto Bissainthe a été relatée à l'auteur de cet article.
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